Le 19 juin 2000, un acte notarié est signé. Le projet RESTENA donne vie à une fondation éponyme : la Fondation Restena, approuvée par arrêté grand-ducal du 27 juillet 2000. Théo Duhautpas et Antoine Barthel en seront les premiers directeurs. Ils assureront leurs fonctions jusque respectivement 2015 et 2017, avant que le flambeau ne soit passé à Gilles Massen, toujours en 2025 à la tête de Restena. À l’heure où la Fondation Restena est créée, l’actuel directeur de Restena compte déjà parmi les rangs des 8 premiers collaborateurs. Avec lui, Restena dresse ses ambitions pour les années 2025 à 2030.
Le réseau RESTENA, berceau et moteur
L’infrastructure réseau RESTENA a toujours été et est encore le cœur métier de Restena. Elle sera à l’avenir tout autant indispensable et centrale pour ses activités qui ont su suivre les évolutions techniques, sociétales et politiques. C’est sur elle que se repose non seulement l’éventail de services offerts par Restena (services e-mail, hébergement, .lu, sécurité informatique et réseau), mais aussi toutes les communications de la communauté de l’éducation et de la recherche. L’infrastructure continuera à servir notamment les stratégies gouvernementales destinées à accélérer la souveraineté numérique d’ici 2030 portant sur les données, l’intelligence artificielle (IA) et les technologies quantiques. Elle devra donc être adaptée et évoluer pour toujours plus de vitesse, de résilience et de flexibilité d’utilisation, tout en répondant au mieux aux attentes toujours plus nombreuses des partenaires, des instances gouvernementales et bien entendu des utilisateurs finaux. Pour cela, le maintien des compétences techniques au sein de Restena et une présence auprès des homologues internationaux sont cruciaux.
« L’IA, ses demandes, limitations et promesses potentielles sont sur le radar de Restena. »
Pour supporter l’IA, Restena aura à minima un rôle d’infrastructure permettant le transfert des énormes quantités de données indispensables à son entraiment et utilisation. La fondation est d’ores et déjà impliquée dans des projets de recherche liés à la communication quantique, notamment le projet européen « Luxembourg Experimental Network for Quantum Communication Infrastructure » (LUX4QCI) qui entend fournir le premier réseau expérimental d'infrastructure de communication quantique au Luxembourg. Deux autres projets, également sur cette thématique, ont été soumis au premier trimestre 2025. Quel que soit le résultat de ces appels à projets, Restena fera en sorte que le réseau RESTENA reste un outil pour la recherche au-delà du seul transport de données.
« Nous travaillons à la construction d’un réseau européen de temps et fréquence qui ouvrirait aux chercheurs et institut métrologique luxembourgeois de nouvelles possibilités via une utilisation inédite des infrastructures RESTENA. »
Ce rôle d’infrastructure horizontale est susceptible de s’étoffer face aux besoins émergeants de la communauté de la recherche et de l’éducation. À cette heure, l’attention porte sur le suivi et l’anticipation des besoins, toujours entachée d’incertitudes.
De la sécurité au potentiel contrôle
L’environnement de sécurité et les événements géopolitiques qui façonnent le monde actuel sont un véritable challenge, tant pour Restena que pour les autres réseaux nationaux de recherche européens (National Research and Education Networks – NRENs) actifs aux quatre coins du Vieux continent et du monde. Les services sécurité et l’approche générale envers la défense des intérêts de la communauté en sont indéniablement impactés et nécessitent une valeur ajoutée supplémentaire qui ne pourra être obtenue qu’avec des collaborations toujours plus poussées.
Le contexte des noms de domaine de premier niveau est par ailleurs un bel exemple d’emprise externe. La gestion et l’opération du registre du nom de domaine de premier niveau .lu et de son infrastructure critique liée à charge de Restena évolue vers toujours plus de contraintes légales. Celles-ci l’impactent au même titre que tous les registres au niveau européen. L’évolution des contraintes seront à suivre de très près. Sur ce point, Restena est à la croisée des demandes imposées par les régulations et celles suggérées par la pression de tirer profit de son statut de registre de noms de domaine comme bloqueur de contenu universel, malgré les potentiels dommages collatéraux.
« Pour le moment, il est impossible de prédire à quoi ressemblera le contexte des noms de domaine des prochaines années. Comment seront mariés droits fondamentaux, état de droit, et besoins de sécurité, sans pour autant sacrifier l’un pour l’autre ? »
Dans un domaine en évolution constante depuis la création même des noms de domaines, Restena réévalue constamment son rôle dans le traitement des abus des sous-domaines, tout en essayant de préserver l’équilibre entre contrôle, liberté d’expression et protection des victimes.
L’envergure des tâches qui s’annoncent nécessitera de réévaluer les ressources disponibles. Cette évolution ne devra cependant pas faire perdre de vue l’ADN de Restena d’œuvrer pour des services efficaces et d’apporter une plus-value unique pour la communauté de la recherche et de l’éducation.
Flashback sur les années 2000-2025
Alors que les années se sont succédées, que l’équipe de la Fondation Restena a quasiment triplé, que les activités du début ont suivi les évolutions techniques, sociétales et politiques, Gilles Massen a assisté à chaque étape du développement de Restena. Retour sur quelques éléments clefs de l’histoire de Restena qui ont marqué l’actuel directeur.
- La collaboration croissante avec LU-CIX ayant amené Restena à gérer l’essentiel du backbone national d'échange Internet LU-CIX et à co-construire le centre national de filtrage d’attaques volumétriques DDoS (Distributed Denial of Service) au service du Haut-Commissariat à la protection nationale.
- L’adoption de la norme ISO27001 et son impact sur l’approche et la façon de travailler chez Restena, notamment en formalisant les procédures et en augmentant la maturité des opérations.
- La pandémie de COVID-19 qui a introduit et pérennisé le télétravail dans les pratiques de travail.
- La place grandissante, tant en interne que dans les services proposés par Restena, qu’a pris la problématique de la sécurité informatique au fil des années.
- L’accroissement progressif de l’effectif de Restena qui, bien qu’ayant modifié les méthodes de travail, n’a pourtant jamais eu raison de la collaboration et de la motivation de chacun pour les missions de Restena.
À titre personnel, la participation de Gilles Massen, en sa qualité de directeur de Restena, aux gouvernances décisionnaires des deux associations européennes GÉANT et CENTR a confirmé l’importance de Restena et a permis à la fondation d’accéder à des projets d’envergure. Sa présence au cœur du pouvoir décisionnel dans les deux organisations regroupant tous les homologues de Restena - la gestion réseau de recherche et les noms de domaine en .lu – ont ainsi permis de voir au-delà des simples collaborations et donner de la visibilité à la fondation tant à l’échelle européenne qu’au niveau national.